"Sniffy" : c’est quoi cette poudre blanche à sniffer qu’on trouve dans certains bureaux de tabac ?
La marque Sniffy commercialise une poudre blanche, aux vertus "énergisantes", à sniffer par le nez. Un usage qui ressemble à celui de certaines drogues. Pourtant, elle peut être achetée en ligne, ou en bureau de tabac, en toute légalité.
"Une solution instantanée pour booster votre énergie" : voilà comment est présenté le produit sur le site de la marque. Composé de caféine, créatine, L-citrulline, taurine, beta alanine, maltodextrine et L-arginine, il ne contient rien d’illégal. Pourtant, la symbolique pose question. La poudre est blanche, vendue avec une paille pour l’absorber par voie nasale. Une ressemblance troublante avec la cocaïne.
Des goûts fruitiers sont disponibles : fruit de la passion, fraise, citron… De quoi rendre le produit encore plus attractif, chez les jeunes. Elle fait alors écho aux "puffs", sorte de versions jetables des cigarettes électroniques, très populaires auprès des mineurs, dont l’usage a déjà fait polémique et a été restreint. La poudre Sniffy peut aussi faire penser au CBD ou au poppers, des produits qui ressemblent à des drogues, mais qui restent légaux et sont vendus en bureau de tabac.
Des grossistes déjà en rupture de stocks
La plupart des buralistes toulousains n’ont pas encore entendu parler du produit. Mais s’ils reçoivent des demandes, ils n’hésiteront pas à passer commande. Pour d’autres, les clients sont déjà là. C’est le cas de Frédéric Pailhé, président des buralistes de la Haute-Garonne, qui a en a commandé, non sans difficulté : "Les grossistes sont déjà en rupture de stocks, mais je devrais en recevoir d’ici quelques jours" assure-t-il à La Dépêche.
Pour lui, rien de problématique à vendre de la poudre Sniffy. "Il n’y a pas de substances déclarées dangereuses à l’intérieur. Tant que ça n’est pas interdit, on peut le commercialiser", indique-t-il. La vente de ce genre de produits permet aux débits de tabac de se diversifier et "de récupérer le marché de la nicotine, en vendant ce qui s’en rapproche de près ou de loin", explique Frédéric Pailhé. "Avec ce produit, on peut être accusé d’initier à la drogue. Mais c’est de l’hypocrisie. On voit toujours le côté noir des choses : est-ce qu’on ne préfère pas que les gens consomment ça plutôt qu’un gramme d’héroïne acheté au coin de la rue ?"
"La banalisation du geste"
Mais du côté des professionnels de santé, la situation est plus alarmante. "Ce produit invite à la banalisation du geste, alerte Pr Nicolas Franchitto, chef du service d’addictologie au CHU de Toulouse, interrogé par La Dépêche. À partir du moment où l’on n’a plus peur de se mettre de la poudre blanche dans le nez, pourquoi ne pas tester la version illégale ? La similitude avec la cocaïne invite à transgresser les règles, surtout chez les plus jeunes" estime le médecin.
Le produit étant encore peu présent sur le marché, les risques pour la santé restent difficiles à mesurer, mais sont à envisager. "Cette consommation peut provoquer des lésions du nez et des risques de transmissions infectieuses si les pailles sont échangées, détaille l’addictologue. Nous savons qu’au CHU, nous allons devoir mettre en place un système de surveillance supplémentaire."
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