REPORTAGE. 40 kg sur le dos et des surprises : au cœur de la réouverture d’un refuge de montagne des Pyrénées, au Bastan

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  • Premier service de l’année (et même d’une vie) pour Angelina et Cédric ce samedi soir.
    Premier service de l’année (et même d’une vie) pour Angelina et Cédric ce samedi soir. Andy Barréjot
  • Décor idyllique et bâtiment dans son jus : c’est le cadre de travail pour près de cinq mois pour Cédric et Angélina.
    Décor idyllique et bâtiment dans son jus : c’est le cadre de travail pour près de cinq mois pour Cédric et Angélina. Andy Barréjot
Publié le , mis à jour

l'essentiel Fermé depuis octobre, l’emblématique refuge de Bastan, au-dessus de Saint-Lary-Soulan dans le Néouvielle, a rouvert ses portes ce samedi. Un moment solennel qui lance la saison mais s’accompagne de préparatifs importants mais aussi de (mauvaises) surprises régulières.

C’est un collier de lacs, poli par la nature, que les familles comme les randonneurs plus avertis en itinérance, rallient avec bonheur. Au cœur de ce théâtre millénaire sublime comme le Néouvielle en renferme tant, la toiture du refuge de Bastan s’est modelée une place dans le décor et l’histoire, bercée par les pins à crochets. Voilà un demi-siècle que l’édifice accueille et restaure les randonneurs, sans que le temps n’ait d’emprise sur ces murs.

Les lacs du Bastan sont un lieu sublime très prisé des familles mais aussi un carrefour sur les chemins du Néouvielle.
Les lacs du Bastan sont un lieu sublime très prisé des familles mais aussi un carrefour sur les chemins du Néouvielle. Andy Barréjot

Et justement, ce samedi 25 mai, c’est jour de réouverture. La 23e pour Cédric Héluin, après trois saisons à La Glère en début de carrière. Mais aussi la toute première pour Angelina Abadie, qui après avoir travaillé dans le droit et le notariat débute une nouvelle vie ici. "Je suis très contente d’être là, même si je stresse un peu avec l’arrivée des premiers clients. On est des habitués avec ma famille, explique cette trentenaire qui a poussé la porte du refuge de Bastan pour la première fois à 11 ans. L’ouverture c’est vraiment un travail énorme. Il faut tout sortir, tout ranger, tout inventorier…"

Décor idyllique et bâtiment dans son jus : c’est le cadre de travail pour près de cinq mois pour Cédric et Angélina.
Décor idyllique et bâtiment dans son jus : c’est le cadre de travail pour près de cinq mois pour Cédric et Angélina. Andy Barréjot

Pas d’héliportage avant juillet

Une ouverture qui se prépare des mois plus tôt, dès la fermeture du refuge gardé, la cabane restant accessible durant tout l’hiver. "C’est une grosse logistique, il faut tout stocker dans le peu d’espace disponible, raconte Cédric. Car ça doit nous permettre de tenir le premier mois de réouverture. Et puis il faut aussi compter avec les souris…" Contrairement à d’autres refuges, le Bastan n’aura sa première livraison aéroportée qu’au début de la grande saison, en juillet (puis une seconde en août). Alors c’est sur son dos que Cédric a acheminé 40 kg de stock, des boissons, du pain, du frais ce jeudi, deux jours avant l’ouverture. "On avait oublié le beurre que nous ont monté des randonneurs", sourit-il. Car ici, pas de frigo avec une installation solaire à la puissance limitée. "C’est un refuge musée, vieux de 50 ans et dans son jus. C’est ce qui fait son charme pour nous et ceux qui le fréquentent. Les gens sont prévenus de cette rusticité…"

Les lacs du Bastan sont un lieu sublime très prisé des familles mais aussi un carrefour sur les chemins du Néouvielle.
Les lacs du Bastan sont un lieu sublime très prisé des familles mais aussi un carrefour sur les chemins du Néouvielle. Andy Barréjot

Pas forcément à toute épreuve. À la réouverture, les surprises ne manquent pas. "Déjà à la mise en eau, il y a toujours un peu de plomberie à l’étain à faire pour résorber les fuites, explique Cédric qui loue le bâtiment à l’ASPTT Toulouse, le propriétaire. Il faut se débrouiller seul à Bastan. Ça ne m’affole plus. Si tu n’es pas bricoleur, tu le deviens. On ne peut pas appeler de plombier en urgence…" Comme lorsque les toilettes, "les plus vieilles toilettes sèches du département", sont en panne. "On a dû accommoder une passerelle pour accéder au deuxième WC venu de Campana et cédé par le CAF. Ou encore quand les 25 m2 de plancher de la tente marabout qui permet d’accueillir davantage de clients à la haute saison se sont envolés au gré des tempêtes hivernales. "On l’a retrouvé dans la pente, en contrebas du refuge. On l’a tiré de là avec un peu d’aide. Il va falloir le remonter…"

Jusqu’à 80 repas l’été, 26 pour ce soir

Des mauvaises surprises qui ne freinent pas l’enthousiasme. "L’envie de remonter je l’ai toujours, glisse Cédric, qui aura aussi le concours de ses enfants cette saison. Cette transhumance, tu l’as dans le sang. Passer les étés en montagne, ça t’appelle, même si, au bout d’un moment tu es content de descendre." Au plus fort de la saison, le refuge de Bastan et ses six passagers, serviront jusqu’à 80 repas par soir, dans une cuisine de 6 m2 où Angelina prend ses repères ce samedi soir. Au menu, soupe de pois cassé, ratatouille bastanaise et son riz et compote. Pour 26 convives. Dimanche ils seront moins d’une dizaine, et encore moins durant la semaine jusqu’au prochain week-end. De quoi détendre l’aide-gardienne. "Les gens sont super sympas, ça adoucit le stress de suite, sourit-elle. Je me rends compte du rythme. Je suis ravie. Avant je travaillais à résoudre les problèmes des gens, dans un climat assez anxieux. Là, et le cadre et les gens sont parfaits !"

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Les commentaires (1)
MacGuffin Il y a 20 jours Le 28/05/2024 à 09:59

Bravo !