Le nom du "Grand Luc", ancien responsable de la Gestapo de Rodez, ressurgit au bas d’un tableau

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  • Ci-dessus un autoportrait d’Arthur Fienemann, avec (en médaillon) une photo datée de 1979 de l’auteur. Ci-contre, le dernier tableau retrouvé. Ci-dessus un autoportrait d’Arthur Fienemann, avec (en médaillon) une photo datée de 1979 de l’auteur. Ci-contre, le dernier tableau retrouvé.
    Ci-dessus un autoportrait d’Arthur Fienemann, avec (en médaillon) une photo datée de 1979 de l’auteur. Ci-contre, le dernier tableau retrouvé.
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philippe henry

l'essentiel L’historien Jean-Michel Cosson a récemment mis la main sur un nouveau tableau peint par le responsable de la Gestapo de l’époque, impliqué dans le massacre de Sainte-Radegonde, Arthur Fienemann.

L’histoire et le passé d’Arthur Fienemann refont surface, régulièrement, plus de trente ans après sa mort en 1982. Son nom est tragiquement associé à l’occupation allemande de Rodez, à partir du mois de novembre 1942, mais surtout au massacre de Sainte-Radegonde, où trente résistants et prisonniers ont été abattus, le 17 août 1944 avant que les troupes ne quittent la ville.

Surnommé "La terreur de l’Aveyron", ou encore "Le Grand Luc", en référence à son nom inscrit sur sa carte d’identité fournit par le régime de Vichy, Roger Luc, Arthur Fienemann était connu pour sa cruauté, "certaines personnes qui sont passées entre ses mains ont décrit des scènes de torture. Et puis, sa stature, son physique, impressionnait. Il était grand, décrit comme ayant un visage froid et glacial", assure Jean-Michel Cosson qui a longuement travaillé sur le sujet.

Le responsable de la Gestapo de Rodez possédait également quelques dons artistiques qu’il allait exploiter, notamment durant ses années d’incarcération après son procès à Toulouse, en 1951.

Bouquet de glaïeuls

Condamné pour "tortures", "séquestrations", "déportations" ou encore "complicité d’assassinats" à vingt ans de prison, Fienemann en sortira finalement huit ans plus tard, à la faveur de plusieurs remises de peines, sous couvert de la nouvelle amitié franco-allemande. Il sortira de sa détention avec vraisemblablement plusieurs dizaines de tableaux sous le bras, issus de sa production. Et ces tableaux continuent, au fil des années, à refaire surface.

Portant avec eux, à travers les coups de pinceaux du tortionnaire, une histoire. Celle des hommes qu’il a croisés sur son chemin, comme celle d’une époque trouble. Au mois de mai 2021, d’autres tableaux avaient ressurgi à Toulouse, où une habitante en avait fait l’acquisition chez un antiquaire. Il s’agissait d’une aquarelle, s’inspirant d’une œuvre de l’artiste français Paul Louchet représentant un paysage alpin. Une œuvre assez conventionnelle, si ce n’est son auteur.

Et puis, "il y a quelques semaines de ça, une personne m’a contactée afin d’avoir des renseignements sur un tableau qui était dans sa famille depuis plusieurs années", raconte Jean-Michel Cosson. Ce tableau, représentant un bouquet de glaïeuls, a probablement été peint durant ses années de détention. Celui-ci est signé "Arthur Fienemann". Mais sur d’autres œuvres, le nom de "Thor Fienemann" sera apposé en bas à gauche de l’œuvre. "Il se fera désormais connaître sous ce nom, après la guerre, poursuit Jean-Michel Cosson qui a remonté le fil de la vie du bourreau de la rue Grandet, quartier général.

Un passé oublié

Après avoir voyagé dans de nombreux pays, d’Asie notamment d’où il tirera un certain nombre de croquis réalisé au crayon, il a fini par revenir dans son Allemagne natale, dans le village de Göttingen, en Basse-Saxe. La presse locale lui a d’ailleurs consacré quelques articles, au gré de ses vernissages et expositions.

"L’histoire d’Arthur Fienemann a ceci d’étonnant qu’à sa sortie de prison, son passé d’officier de la Gestapo a été complètement oublié. Je ne sais même pas si dans sa ville de Göttingen des personnes sont au courant, glisse Jean-Michel Cosson. Il a même touché une pension de guerre de l’État allemand." Et c’est finalement à travers ses œuvres que l’historien ruthénois a pu retracer, au terme d’une longue enquête, la vie de celui qui sera à jamais associé à l’horreur de la guerre.

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Les commentaires (1)
C.Lefort Il y a 20 jours Le 28/05/2024 à 06:39

En voilà un qui s'en est bien sorti.

Il y en d'autres du côté de Perpignan qui ont évité de la prison avec une loi d'amnistie...