INFO LA DEPECHE. Crashs d’avions : il invente un système à base d'encre fluorescente pour localiser les appareils en mer
Après un crash d’avion en pleine mer, les secours mettent généralement plusieurs jours à localiser la carlingue. Pour accélérer les recherches, un Lot-et-Garonnais vient de breveter un système de balises éjectables qui libèrent de l’encre fluorescente. Explications.
Après le crash de l’Airbus A330 d’Air France entre Rio et Paris le 1er juin 2009, il avait fallu une semaine aux équipes de recherche pour retrouver les premiers débris de l’avion. Et près de deux ans de plus avaient été nécessaires pour localiser la carlingue gisant à 3 900 m au fond de l’océan Atlantique et repêcher les boîtes noires. En 2014, le vol MH370 se volatilisait sans laisser de traces. Dix ans plus tard, le Boeing 777 de Malaysia Airlines est toujours introuvable.
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Face à ce constat inquiétant, Samuel Riff a élaboré un dispositif ingénieux qui permettrait de localiser pendant plusieurs jours l’endroit exact où un avion se serait abîmé en mer. Passionné d’aéronautique, ce kinésithérapeute Lot-et-Garonnais travaille depuis dix ans sur un système de capsules éjectables en cas d’immersion. Avec quelques milliers d’euros et l’appui d’Innovate Design basée à Paris, il vient de déposer un brevet à l’Institut national de la propriété industrielle (INPI).
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Des balises avec de l’encre fluorescente
La solution qu’il propose consiste en trois balises fixées sur la queue des avions et contenant chacune une vingtaine de cartouches de poudre d’encre fluorescente. "Les études ont montré que la dérive verticale est la partie de l’avion qui résiste le mieux en cas de crash ou d’amerrissage" explique Samuel Riff. La première balise s’éjecte automatiquement dès lors qu’elle se retrouve immergée à plus de deux mètres de profondeur. Étant flottante, elle remonte à la surface et libère toutes les heures une dose de fluorescéine. Ce colorant biodégradable est utilisé notamment par les pilotes d’avion de chasse pour être repérés en cas d’éjection en mer.
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Après un certain temps ou une certaine profondeur, cela reste encore à déterminer, la deuxième balise, puis la troisième sont éjectées et remontent à la surface en libérant progressivement, elles aussi, leur traceur fluorescent. Le cycle de dispersion d’encre peut ainsi s’étaler sur trois jours. Chaque balise libérerait une couleur d’encre différente pour permettre d’évaluer la trajectoire de l’avion après l’impact.
Repérable même la nuit
Pour pouvoir repérer cette encre la nuit, Samuel Riff envisage d’y incorporer des particules métalliques. Les taches à la surface de l’eau pourraient ainsi être visibles par des pilotes équipés de lunettes de vision nocturne. Et pour faciliter encore davantage la localisation de l’appareil, un système GPS pourrait également être ajouté aux capsules flottantes. En plein océan, où la couverture radars et satellitaire fait souvent défaut, ce système pourrait permettre de réduire significativement le périmètre de recherche, de localiser plus facilement l’avion et ses boîtes noires et de porter secours plus rapidement à d’éventuels survivants. "On peut distinguer les couleurs avec un avion de recherche à 4 000 m d’altitude, donc couvrir des zones beaucoup plus larges, explique l’inventeur. Un satellite devrait même être en mesure de repérer les trois couleurs. Cela permettrait de faire une cartographie très rapide et de dépêcher des équipes sur zone."
Pour que son projet aboutisse, Samuel Riff est désormais à la recherche d’investisseurs. Il évalue à 200 K€, la somme nécessaire pour développer un prototype, le tester en conditions réelles et le certifier. Il a créé pour cela la société Kaino et se dit prêt désormais à discuter avec des business angels ou des partenaires industriels. Au-delà du secteur aéronautique, le Lot-et-Garonnais précise que son système pourrait aussi être adapté au milieu maritime en installant ses balises sur des bateaux ou des containers. Alors, qui veut être son associé ?
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