Guerre en Ukraine : techniques de vol, combat aérien… comment sont formés les pilotes ukrainiens sur une base militaire française
Depuis le mois de mars, dix jeunes militaires ukrainiens suivent un entraînement intensif avec des instructeurs français pour devenir de futurs pilotes d’avions de chasse en 2025. Rattachés dans une base tenue secrète dans le sud-ouest de la France, ils apprennent le pilotage des avions de chasse.
Ils sont dix à être arrivés au mois de mars, dans un centre d’entraînement de l’armée de l’air et de l’espace situé dans le sud-ouest de l’Hexagone. De jeunes militaires ukrainiens, futurs pilotes d’avions de chasse, dont la formation intensive était jusqu’ici menée dans le plus grand secret, détaille à La Dépêche Yann Malard, commandant du SIRPA (Service d’informations et de relations publiques des armées). Dans quelques mois, ces jeunes pilotes voleront à bord des quelque 91 appareils F-16 promis par les alliés de l’Ukraine.
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Cela fait déjà plusieurs semaines que les militaires s’entraînent et ils devraient être prêts à la fin de l’année 2024. La plupart d’entre eux suivent une formation rudimentaire dans le domaine, avant leur arrivée sur le territoire. Après un rapide passage par le Royaume-Uni afin d’y apprendre l’anglais et les rudiments de la navigation aérienne, il leur faut tout découvrir en à peine six mois (contre dix-huit en temps normal). "Une formation dispensée dans un délai trois fois plus court que d’ordinaire, mais conçu sur mesure pour les besoins de l’armée ukrainienne", précise le commandant Malard. Dès leur apprentissage terminé, ils devront partir immédiatement au combat. L’intensité de ces quelques mois agit comme un moteur sur les futurs pilotes : "Les militaires sont conscients de l’enjeu stratégique que représente leur formation. Ils ont envie, d’assurer, d’être au rendez-vous", assure-t-il.
En tout, ce sont vingt-six militaires ukrainiens qui devront suivre une formation éclair dispensée par l’armée française.
Formés sur Alphajets
"Les jeunes âgés de 21 à 23 ans sont encadrés par des pilotes chevronnés", explique Yann Malard. Des réservistes ont en effet accepté de reprendre du service pour leur apporter l’expertise nécessaire à la maîtrise des rudiments de vol. Leur outil : des Alphajets, des biréacteurs franco-allemands qui ont servi à former les pilotes de chasse français durant plus de 40 ans. "Les apprentis doivent voler au total quatre-vingts heures sur Alphajet et cinquante heures sur simulateur". De conception proche de celle des F-16 promis par les Occidentaux, les premiers appareils – dont certains sont entrés en service en 1979 – sont donc mis à contribution pour former la dernière génération de militaires avant d’être définitivement remisés.
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Formation expresse
Durant ces quelques mois dans différentes bases européennes, les militaires doivent acquérir les bases des méthodes militaires "à l’occidentale". "Contrairement à la culture opérationnelle russe, qui est centrée sur le commandement au sol, ils apprennent ici à appréhender la situation depuis le cockpit, détaille le militaire, et à développer réactivité et autonomie." Un fonctionnement loin d’être naturel pour les jeunes recrues. De la découverte du "vol en patrouille à deux avions", en passant par le ciblage et "le tir avec canon de 30 mm", ils suivent un cursus très condensé.
Parmi les fondamentaux du vol de chasse : "voler à très basse altitude, environ 150 mètres, à une vitesse comprise entre 600 et 700 kilomètres / heure", souligne le lieutenant-colone. Plus on vole bas et plus la présence des appareils est détectée tard.
Après leur apprentissage français, les recrues devraient se rendre sur une base en Roumanie, où ils apprendront cette fois à véritablement manier les F-16. Les premiers engins promis sont d’ailleurs attendus dès cet été et seront stockés dans un premier temps "hors d’Ukraine", a confirmé le 10 juin, un haut gradé de l’armée de l’air ukrainienne, lors d’une interview sur Radio Free Europe/Radio Liberty. La formation que les pilotes auront suivie en France, leur permettra aussi, affirme le commandant Malard, de piloter les Mirage 2000-5 promis par Emmanuel Macron début juin.
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