ENTRETIEN. Charles-Henri Lavielle : "Toulouse noir dépeint la ville telle qu’elle est, ce n’est pas un guide papier glacé"

  • L’éditeur Charles-Henri Lavielle avec l’un des auteurs, Nicolas Rouillé.
    L’éditeur Charles-Henri Lavielle avec l’un des auteurs, Nicolas Rouillé. Marjorie Mercadal - Marjorie Mercadal
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Propos recueillis par Pascal Alquier

l'essentiel L’éditeur Charles-Henri Lavielle a réuni douze auteurs toulousains pour composer « Toulouse noir », guide de voyage alternatif, qui livre les multiples facettes noires de la Ville rose…

Comment l’ouvrage "Toulouse noir" a-t-il vu le jour ?

J’ai été contacté par la maison d’édition parisienne Asphalte qui travaille depuis quelques années avec son homologue new-yorkaise Akashic Books. Le projet de cette dernière est de produire des guides de villes à travers des nouvelles qui ont trait, soit au roman noir, soit au polar, soit au roman social, quartier par quartier. L’idée est de sentir une ville par ses ambiances, par ses différents quartiers qui seraient autant de visages de la ville. C’est aussi l’occasion de parler de l’histoire d’une ville, de sa transformation, de la différence de ses populations, de la variété de ses territoires. Et, ce qui est toujours intéressant, c’est que ce sont des livres édités en France mais également traduits aux États-Unis. Les gens qui veulent venir à Toulouse auront une possibilité de visiter la ville à travers ses quartiers.

Ce prisme n’est-il pas trop noir, l’image qui ressort de la ville n’est-elle pas trop négative ?

On donne une forme de complexité au monde tel qu’il est, ce n’est pas un guide de papier glacé, d’office du tourisme, c’est la ville telle qu’elle est et telle que certaines personnes la recherchent. On est hors des sentiers battus et au plus proche des populations qui y vivent. Donc cet ouvrage offre l’opportunité de donner le pouls d’une agglomération dans sa diversité et sa complexité, avec toujours un prisme qui repose sur une personne en lien avec l’édition ou avec le polar, une personne de la ville qui va construire aussi ces différentes nouvelles. C’est aussi un reflet de la vision qu’a cette personne de la ville dans laquelle il vit.

Comment avez-vous pris part au projet ?

Ce à quoi je me suis vraiment attaché en ce qui me concerne, a consisté à donner la parole à des gens qui, de par leur âge, leurs origines, leur genre, puissent révéler les multiples facettes de Toulouse. Une ville bouge tout le temps, une ville c’est en devenir et donc j’ai eu à cœur de donner la parole, outre à des noms connus du polar comme Benoît Séverac et Pascal Dessaint, à des gens qui sont des animateurs du territoire, qui le sentent au ras du sol. Donc j’ai forcément pensé à Hafid Saïdi de la Pizzéria Belfort qui est un observateur hors pair de ce qui se passe à Toulouse depuis bientôt 30 ans, dans un quartier qui a une réputation plus ou moins sulfureuse et qui, pourtant, vit avec des solidarités et des tensions certes. J’ai aussi pensé à Sarah Grall qui a vécu l’histoire du Pavillon Mazar qui aborde le sujet de la place de la culture dans la ville, de son aménagement, des tensions qui peuvent exister. Il y a plein d’auteurs comme eux qui peuvent être surprenants et je vous assure qu’il y a, dans ce volume, des surprises de taille !

Comment avez-vous pensé le livre ?

Pour donner une vision multiple nous avons imaginé des chapitres qui évoquent la gentrification, des quartiers différents comme le quartier Belfort mais aussi celui de l’avenue de Lyon, puis un autre chapitre qui va aussi englober la place de la nature dans la ville par le biais de trois nouvelles. Il y a également deux histoires de cimetière très drôles. On essaie d’éviter et l’aérospatial et le rugby mais on n’y coupe pas complètement ! Il y a un chapitre sur les luttes qu’elles soient sociales, pour la conservation de lieux artistiques, pour les sans-papiers et aussi trois nouvelles assez étonnantes sur des destins individuels à l’intérieur de la ville, de quartiers, qui ont maille à partir avec un lieu particulier, une trajectoire particulière.

Pourquoi toutefois ce bémol que vous évoquez en introduction ?

Certains quartiers dans cette ville lui donnent sa teinte et aussi pour le meilleur, pour des choses qui en sortent et qui sont très positives, qui donnent une spécificité, un visage à cette ville, qui sont ce qu’on appelle pudiquement les quartiers populaires. J’ai cherché et en fait j’ai échoué à trouver des gens qui y vivaient, qui puissent m’en dire quelque chose. On joue à la fois de malchance et à la fois de la difficulté pour ces gens qui vivent dans ces quartiers de s’exprimer dessus. Et ensuite du fait de mon parcours à moi. Ce ne sont pas des quartiers où j’ai vécu, mis à part le Mirail, pour lequel je n’ai trouvé personne. Mais au final je suis heureux parce que l’ouvrage sera également diffusé à New York, après traduction, mais il sera disponible fin mai partout à Toulouse et en France.

Mercredi 29 mai à 18h présentation de l’ouvrage à la librairie Ombres Blanches (3, rue Mirepoix). Tél. 05 34 45 55 32. www.ombres-blanches.fr

« Toulouse noir – Nouvelles noires » sous la direction de Charles-Henri Lavielle avec des textes d’Al Baylac, Maïté Bernard, Tanella Boni, Manu Causse, Gaspard Chauvelot, Pascal Dessaint, Francis Émourgeon, Sarah Grall, Adeline Grand-Clément, Nicolas Rouillé, Hafid Saïdi et Benoît Séverac (Asphalte/Harmonia Mundi Livre, 262 p., 22 €).

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