"Le graffiti est devenu une passion, une thérapie… C’est ce que je suis", explique le Toulousain Snake

  • Snake pose ici devant la fresque qu’il a réalisé pour le Garage Toulousain à Ramonville.
    Snake pose ici devant la fresque qu’il a réalisé pour le Garage Toulousain à Ramonville. DDM - FREDERIC SCHEIBER
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l'essentiel L’artiste toulousain Snake est omniprésent dans l’espace public avec ses décorations murales où les femmes tiennent une place de choix. Retour sur l’itinéraire de ce battant qui a toujours persévéré même dans les moments critiques.

L’une des dernières œuvres de Snake est à admirer sur le mur du Garage Toulousain, à Ramonville. Le graffeur toulousain y signe le portrait d’une jeune femme au regard franc et déterminé, coiffée d’une casquette verte et vêtue d’une salopette orange. Dans sa chair sont imprimées des lettres cachées. "On trouve le mot le garage sur le bras gauche ; Toulousain sur le droit, DMX sur la poitrine ; ZFE et Diag dans le cou ; pneu sur le front, meca sur le nez, CT (pour contrôle technique) sur le menton… ", détaille Xavier Ferrand, le président du Garage Toulousain, pas peu fier d’avoir pu s’offrir une œuvre de son idole. Et d’en faire profiter le plus grand nombre, « les soirs d’embouteillages sur la route au-dessus ».

Dans cette décoration murale qui répond à une commande privée, on retrouve bien la griffe de Snake. "Sur 34 ans de pratique, je suis sur cette approche graphique depuis 11 ans, où l’intégration de la lettre permet de raconter une histoire à travers une seconde peau sur le personnage", confirme-t-il. Un concept qu’il a même baptisé typogractère contraction de typographie et character (personnage en anglais).

À 50 ans tout pile, Snake continue à vivre de et pour le graffiti. "J’exploite professionnellement une passion. Je n’ai pas approché ce mouvement pour faire carrière. Je ne suis pas passé par les Beaux-Arts, je suis un autodidacte. Au début, c’était un passe-temps. C’est devenu une passion, une thérapie et ce que je suis. Si un jour je ne pouvais plus en vivre, je retournerai à l’usine mais jamais je n’arrêterais de peindre".

Enfant des cités, né à Nîmes

Ce gamin des cités, né à Nîmes, le 1er avril 1974, commence "à s’amuser avec des bombes" dès l’âge de 15 ans. "J’allais sur les murs, les tables du lycée, les toilettes…" Rapidement, le jeune Xavier prend le pseudo de Snake, serpent en anglais. Un nom qui sonne bien et dont il apprécie l’enchaînement des lettres.

" Pas super bon à l’école", il parvient à décrocher un CAP-BEP électrotechnique, "mais ne bossera jamais là-dedans". Au début, Snake fera "plein de trucs pour vivre", travaille dans la vente, l’animation, à l’usine… De 1990 à 2000, il n’exploite pas professionnellement le graffiti "mais il m’arrivait d’avoir des plans". En 1995, il s’installe à Toulouse, 5 ans plus tard, il prend un positionnement clair et net : "Le graffiti va payer mes factures. Je vais me donner les moyens de ce choix." Pour cela Snake prend le statut d’artiste indépendant. "J’avais alors 10 ans de pratique durant lesquels j’ai bien envoyé dans la rue. J’étais reconnu dans mon milieu, mais en me lançant en tant qu’artiste indépendant, je repartais à zéro, car pour en vivre je ne devais pas seulement séduire mes pairs. Je savais qu’il y avait des choses à faire car j’avais déjà travaillé avec des mairies par-ci par-là. Je voulais développer ça."

Sa mère, sa boussole.

A 50 ans donc, des tatouages qui dépassent sur un avant-bras et des graffitis bien imprimés dans l’espace public toulousain, à la gare, aux Argoulets, à Fontaine Lestang… Snake ne se pose pas la question de savoir s’il a réussi ou pas "car c’est jamais fini. Mais il y a des choses qui me rendent fier. Comme, quand en 2016, on m’a proposé de développer des cours en prison. Alors que 10 ans avant, j’avais pris 3 mois ferme pour avoir tagué plusieurs trains à Pau". Snake voit là l’opportunité de fermer une boucle et de faire un pied de nez à sa condamnation.

Snake en dates

1 er avril 1974 : Naissance de Snake à Nîmes.
1996 : Il écope de trois mois de prison pour des graffiti sur des trains à Tarbes.
2013 : Il élabore le concept de typograchère. Le premier mur dans ce style est toujours av de Lyon, près de la gare Matabiau.
2000: Il choisit de prendre le statut d’artiste indépendant.
2021 : Alors qu’il réalise une fresque sur la fragilité des relations humaine, sa mère décède.

En couple avec Angélique Blanc qui est aussi son agent, Snake est père de deux enfants et vit aujourd’hui dans les environs de Toulouse.
Si les femmes sont omniprésentes sur ses murs, c’est pour rendre hommage à la figure tutélaire de sa mère, disparue en 2021. "Pour moi, c’est là boss. Inconsciemment derrière chacune d’entre elles, il y a l’image puissante de ma mère qui m’a élevé seule, s’est battue, n’a rien lâché. Elle ne m’a jamais mis des bâtons dans les roues. Dans les moments difficiles, comme au parloir, elle a toujours été là."
Plus tard, cette même mère sera en première ligne pour prendre en photo son fils aux côtés d’élus. "Et moi, j’étais fier de la rendre fière. Elle a misé sur la longueur, elle a eu raison. Aussi en tant qu’artiste, j’aime représenter des nanas fortes parce que j’y projette de la sensibilité, de l’indépendance. Ce que je ne vois pas dans la gent masculine qui incarne, de fait, la force, la puissance, autant de valeurs qui me fatiguent."

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Les commentaires (1)
Simpatico Il y a 21 jours Le 26/05/2024 à 19:44

La gloire, injuste, se pose sur certains et pas sur d'autres, c'est tout récemment que les fratelli Lambrini ont été reconnus pour avoir réalisé le sol de la Chapelle Sixtine.