Trafic de drogue : mère de famille, patient bipolaire, employé MacDo… Qui se cachait derrière le réseau de stupéfiants Candyshop81 ?

Rares sont les procès au tribunal correctionnel d’Albi où l’on voit neuf prévenus incarcérés, débarquer menottes aux poings, en salle d’audience. Il faut dire que le procès est d’ampleur. Il s’agit de juger un important trafic de drogue, qui trouve sa source sur la messagerie cryptée Telegram, sous le nom de Candyshop81. Ce site proposait des livraisons à domicile aux consommateurs et recrutait même des livreurs après qu’ils eurent montré patte blanche en envoyant justificatif de domicile et carte d’identité, pour mieux les contrôler.

Cette filière a été démantelée par le commissariat d’Albi et l’Ofast (Office anti-stupéfiants) de Toulouse. 15 personnes ont été interpellées. Une mineure passera devant un juge des enfants. Quatre autres ont accepté de "plaider coupable" dans le cadre d’une comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité (CRPC), qui permet d’éviter le procès. Ils ont tous écopé de peines allant d’un an à deux ans de prison (dont la moitié en sursis probatoire).

Neuf prévenus à la barre

Reste à connaître le sort de neuf autres prévenus, qui ont défilé cette semaine face au président Gérémie Blanc et au procureur Matthieu Colomar. Si l’examen du dossier a été renvoyé à la demande de 7 prévenus, l’audience a permis de passer en revue le profil des membres de ce réseau. Qui n’ont rien de « Pablo Escobar » tarnais. Casiers judiciaires vierges, infractions mineures. Une seule des prévenus a déjà été impliquée dans un trafic de stupéfiants.

Des profils atypiques

Parmi les neuf, il y a cette « nourrice » handicapée et sous tutelle après plusieurs AVC. Plusieurs kilos de cannabis ont été retrouvés dans son appartement. La femme a du mal à se déplacer jusqu’à la barre. C’est d’ailleurs la seule à n’être pas avoir été placée en détention préventive pour raisons de santé. "Vous prenez de la drogue ?", interroge le président. "Je fume parfois un joint le soir pour me décontracter."

C’est le point commun entre tous ces prévenus. Ils sont tous accros, soit au cannabis, soit à la coke. Autre point commun. Ils ne travaillent pas ou ont des emplois peu rémunérés.

Handicapé et sans emploi, un jeune homme reconnu bipolaire avoue fumer entre dix et vingt joints par jour. "Je reconnais que c’est beaucoup, mais ça calme mes angoisses."

Les prévenus défilent face au président Blanc. Celui-ci travaille au Mac Do. Celui-là est cuisinier dans un resto. Ils sont suivis par un quadragénaire boitant bas, après une rupture des ligaments. Puis par deux jeunes femmes. La première, Carmausine, a déjà été condamnée dans le cadre d’un trafic de stupéfiants démantelé à Mirandol. La seconde, accro à l’héroïne est mère de trois enfants dont une petite de 11 mois dont la garde lui a été retirée. L’enquête pointe ses nombreux allers-retours entre Albi et Toulouse.

Les avocats de la défense sont tous d’accord sur un point. Il ne s’agit pas des caïds mais de petites mains. D’ailleurs, relève l’un d’entre d’eux : "sur internet, on recrute déjà de nouveaux livreurs".