DOSSIER. Législatives 2024 : désistements, reports des voix… le Front républicain peut-il endiguer la vague RN ?
Les retraits de candidats macronistes ou de gauche devraient confirmer la constitution d’un "front républicain" contre le Rassemblement national. Mais toute la question est désormais de savoir dans quelle proportion les électeurs se reporteront sur ce vote barrage.
Avec plus de 210 désistements contre le RN au second tour, le "front républicain" constitué par la gauche et le camp présidentiel peut-il endiguer la vague du Rassemblement national ? C’est toute la question à laquelle sont désormais confrontés les opposants du parti lepéniste, plus que jamais aux portes du pouvoir après son score historique de dimanche dernier.
Pour rappel, l’objectif est d’empêcher le RN d’obtenir la majorité absolue de 289 députés. Ce mardi, selon un décompte de l’AFP, plus de 210 candidats se sont désistés sur plus de 300 triangulaires possibles. Parmi ceux-ci, figurent pour l’instant une majorité de représentants du Nouveau Front Populaire (NFP) mais aussi plusieurs ministres du camp macroniste.
Désistement en faveur d’Elisabeth Borne dans le Calvados
Exemple assez évocateur dans le Calvados, où le candidat du NFP, Noé Gauchard, pourtant qualifié pour le second tour, s’est retiré pour favoriser l’élection d’Élisabeth Borne, que la gauche a pourtant vigoureusement combattue sur les réformes des retraites et de l’immigration.
Dans l’autre sens par exemple, en dépit du "ni RN, ni LFI" prôné par Edouard Philippe, un candidat Horizons en Seine-Maritime, Laurent Bonnaterre, s’est retiré, offrant ainsi la possibilité à la députée sortante LFI Alma Dufour de conserver son siège.
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Même les plus récalcitrants au désistement, comme la ministre déléguée aux Collectivités locales Dominique Faure en Haute-Garonne, ont fini par céder sous la pression de l’exécutif, comme le rapportait La Dépêche du Midi ce mardi.
Quelques exceptions subsistent, comme le Renaissance Loïc Signor qui se maintient dans la circonscription de l’Insoumis Louis Boyard, un député "contre la République" selon le parti présidentiel.
Les consignes de vote peuvent être déterminantes
Tout l’enjeu est donc de savoir dans quelle proportion les électeurs se reporteront sur ce front républicain.
"Aujourd’hui, une majorité relative de Français souhaitent une majorité absolue pour le Rassemblement national", analyse pour La Dépêche du Midi Jean-Daniel Lévy, directeur délégué de Harris Interactive France. "En conjuguant cela avec le fait que Jean-Luc Mélenchon constitue désormais un repoussoir et que Jordan Bardella est la première personnalité politique à laquelle les électeurs accordent leur confiance, on peut s’interroger sur l’efficacité d’un front républicain contre le RN".
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Par ailleurs, "si elle est bien présente dans l’opinion, la volonté de faire obstacle au RN n’est pas aussi vigoureuse qu’en 2022", observe Jean-Daniel Lévy.
Mais l’effet des désistements devrait quand même "jouer plutôt en défaveur du RN", tempère le directeur général délégué d’Ipsos Brice Teinturier, qui envisage une majorité plus relative qu’absolue. D’autant que, comme le rappelait le président d’Odoxa Gaël Sliman dans nos colonnes lundi, "une majorité des électeurs des trois principaux blocs suivront les consignes de vote de leur parti."
Bardella dénonce des "alliances du déshonneur"
À ce stade, 118 membres du Nouveau Front populaire de gauche ont choisi de se désister, ainsi que 78 de la coalition centriste Ensemble pour la République et trois rattachés au parti de droite Les Républicains ainsi qu’une candidate des Outre-mer sans étiquette. Cela ne permet donc pas, mathématiquement, au NFP d’atteindre la majorité absolue.
De son côté, Jordan Bardella, qui se tient prêt à entrer à Matignon, a dénoncé des "alliances du déshonneur" pour lui faire barrage, et appelé les électeurs à lui accorder une majorité absolue "face à la menace existentielle pour la nation française" que représente, selon lui, l’alliance du Nouveau Front populaire.
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