Messages sexuels, masturbations collectives : 7 ans de prison pour l’éducateur de foot de Castres qui s’en prenait à ses jeunes joueurs

"Vous avez profané leur innocence !" C’est le procureur Cyril Padilla qui s’exprime. "Ce dossier est abject. Vous êtes un horrible personnage, rien de plus." Ce "vous", c’est le prévenu, 33 ans aujourd’hui, 26 ans et 27 ans au moment de la plupart des faits jugés devant le tribunal correctionnel de Castres.

Entre 2017 et 2018, alors que cet homme originaire de région parisienne est éducateur au club de football de Castres, plusieurs de ses joueurs – âgés de 11 à 14 ans – dénoncent ses pratiques. Via la messagerie Snapchat, il leur adresse des messages à caractère sexuels extrêmement violent. Il exprime son envie de leur faire des fellations, leur envoi des photos de son sexe, en demande en retour. Des messages choquants, adressés à des pré-adolescents.

Masturbation devant des films pornos

Décrit comme "gentil", cet homme imposant, qui parle fort et clair, "un as de la manipulation" pour un des avocats de la partie civile, séduit autant les enfants que les parents. Il rend service, n’hésitant pas à récupérer des enfants au collège avant les entraînements. Et parfois, à les faire dormir chez lui les veilles de match. Dans le même lit. Là, il impose des séances de masturbation collectives, en visionnant des films pornographiques.

Une des victimes, un jeune castrais désormais majeur, témoigne courageusement à la barre, la voix brisée. Il évoque ces nuits ou son "coach" se masturbait à côté de lui, son sentiment de culpabilité, ses crises d’angoisse encore aujourd’hui, 6 ans après. "Ces images sont toujours dans ma tête, je n’ai rien oublié. Je penserai toujours au mal qu’il a fait…"

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La présidente s’adresse aux victimes – une quinzaine au total, une poignée dans la salle – pour leur affirmer haut et fort : "vous n’êtes pas responsables de ce qu’il s’est passé !"

Un jeune homme plus âgé s’avance à la barre. Il raconte son drame. Il est la première victime de l’éducateur, entre 2011 et 2012, à Orvault, près de Nantes. Le prévenu était coach dans le club de la commune. "Il mangeait à la maison avec mes parents, raconte le jeune homme, 27 ans aujourd’hui. On avait un rapport fraternel, j’avais de l’affection pour lui." Une affection détournée en fellations et relations sexuelles, par le prévenu qui avait alors 20 ans et la victime 14. Une victime qui explique qu’elle ne mettra "jamais son enfant dans un club de sport, je ne ferais jamais confiance à un éducateur."

"Vous êtes un prédateur"

Le parcours de l’homme jugé ce mardi est particulier : enfant adopté à 4 mois par une riche famille parisienne, il fréquente les établissements scolaires les plus prestigieux de la capitale. Son père adoptif se suicide sous ses yeux quand il a 10 ans. Sa mère – qu’il affirme haïr – l’envoie dans une pension pour enfants aisés. Il assure y être violé par ses camarades. Il vit depuis de l’argent familial, jusqu’à récemment où il a monté son entreprise.

Depuis le début de l’affaire en 2018, il a enfreint à plusieurs reprises son contrôle judiciaire, menaçant notamment plusieurs victimes. "Vous êtes un monstre, un prédateur " assène le procureur. Le tribunal le condamne à 7 ans de prison ferme. L’homme devrait faire appel.