Reclus de Monflanquin : "Aujourd’hui, ils vivent mieux, plus libres…" Sandrine Cohen raconte son documentaire

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    Le documentaire se découpe en quatre épisode d’une quarantaine de minutes Photo - Guillaume Béars
Publié le , mis à jour

l'essentiel Depuis le mercredi 26 juin, les quatre épisodes du documentaire "Les reclus, une famille sous emprise" sont disponibles sur la plateforme MyCanal. Sandrine Cohen, la réalisatrice, raconte les coulisses.

"C’est une histoire qui m’a toujours fascinée", entame Sandrine Cohen, réalisatrice du documentaire "Les reclus, une famille sous emprise". Décliné en quatre épisodes, disponible sur MyCanal, il retrace l’histoire des reclus de Monflanquin. "Quand Laetitia Recayte la productrice m’a proposé le documentaire, je n’ai pas hésité", abonde la réalisatrice. De 2001 à 2009, onze membres de la famille De Védrines, issue de l’aristocratie protestante, qui ont vécu loin de tout et ont été sous l’emprise d’un gourou, Thierry Tilly.

Ce dernier leur a extorqué pas moins de 4,5 millions d’euros. Pour arriver à ces fins, l’escroc a agité les peurs et divisé la famille. Pendant deux ans, il s’est rapproché des De Védrines, en premier lieu de Ghislaine, la seule fille d’une fratrie de deux frères : Charles-Henri et Philippe. Il s’est rendu indispensable, se présentant comme un agent secret venu les protéger de sociétés secrètes comme les Franc-Maçon. Connaissant leur vie sur le bout des doigts, il a acquis leur confiance.

"La base du documentaire était les enfants de Charles-Henri et Ghislaine de Védrines. Mon point de départ. Dans une émission de France Télévisions, Amaury (fils de Charles-Henri) a témoigné, j’ai pris contact avec lui. Finalement, après plusieurs discussions, il décline", déroule la réalisatrice.

La famille s’est séparée à la suite de cette affaire. "C’est Sébastien Driant qui me met en relation avec eux. Son mariage avec Guillemette de Védrines, la fille de Ghislaine, marque le début de l’histoire. C’est la dernière fête familiale, et sept jours après, la famille se retire", rembobine Sandrine Cohen. À ce moment-là, Thierry Tilly convainc les deux frères de Ghislaine d’exclure son mari, Jean Marchand, journaliste reconnu.

Des heures de discussions

Très rapidement, la réalisatrice est en contact avec Guillemette. "Le courant passe tout de suite. Tout s’enchaîne à partir de là. On sympathise, elle me renvoie vers son frère François. Pour leurs parents, ça a été plus compliqué. Jean, le père, accepte dans un second temps quand il voit ses enfants prendre part au projet."

Une fois le documentaire avancé, l’autre branche de la famille, qui a refusé dans un premier temps, accepte finalement. "C’était trop compliqué, on était bien avancé, finalement, on n’a pas pu les rajouter", précise la réalisatrice.

En tout, pour les quatre épisodes, il aura fallu 24 jours de tournage, dont une quinzaine de jours d’interviews. "On a récupéré sept heures de rushs par personne environ. La parole était libre avec beaucoup d’authenticité." Le temps que la confiance s’installe. "C’est un échange, c’est donnant-donnant et le lien se crée. On restera en contact longtemps."

Les discussions sont au centre du documentaire, les témoignages rythment l’ensemble. Les protagonistes comme les avocats et les gendarmes ponctuent le récit. " Ils ont été très courageux et très soudés. Comme je le montre à l’image, ces dix années perdues ont resserré les liens de la famille. On a beaucoup ri avec Ghislaine."

Durant ces échanges, des moments forts ressortent. "L’émotion était immense quand François s’est remémoré le moment où Thierry Tilly lui avait fait croire que son père avait abusé de sa soeur. C’était très prenant." Tous les membres étaient présents pour se soutenir.

Une volonté de transmission

Encore marqués, "ils ont conscience qu’ils ont perdu dix ans de leur vie. Maintenant, ils vont de l’avant et vivent avec. Peut-être qu’aujourd’hui, ils vivent mieux, plus libres", abonde Sandrine Cohen. La supercherie s’est délitée en Angleterre, quand la famille y a été transférée pour se rapprocher de Thierry Tilly. Notamment, quand Christine de Védrines, femme de Charles-Henri a commencé à travailler dans un restaurant. Son patron a confirmé ses doutes, elle qui a subi des sévices durants des jours.

"Ghislaine a un sentiment de culpabilité, c’était la dernière fois qu’elle parlait", confie Sandrine Cohen. Pour François Marchand, fils de Ghislaine : "L’emprise mentale est présente dans notre société. J’ai mis du temps à prendre du recul, j’ai eu besoin de parler et partager mon vécu. J’espère pouvoir aider en faisant cela."

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