"Je suis obligé de déménager 15 jours par an" : un Gersois excédé par les détonations des canons à gaz d’un voisin agriculteur
Excédé par les nuisances sonores des canons à gaz, un habitant de Loubédat, dans le Gers, a été forcé de dormir à l’hôtel. L’agriculteur ainsi mis en cause assure que les détonations ont pris fin, et qu’il tentait simplement de protéger ses cultures.
"Au moins quinze jours dans l’année, je suis obligé de déménager pour pouvoir dormir." En haut des collines de Loubédat, la demeure de M. Croizet surplombe les terres agricoles de la commune voisine, Cravencères. Des champs à perte de vue entourent son jardin. Un cadre idyllique, pourrait-on croire.
Mais avec l’arrivée de la période des cultures, la tranquillité de la demeure de M. Croizet s’est transformée en un véritable "enfer". Les responsables : des canons à gaz, ou canons effaroucheurs. "Je ne peux plus dormir, confie le résident. Les canons fonctionnent la nuit, et les détonations sont insupportables."
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Pendant toute la période des semences, M. Croizet affirme avoir entendu ces canons jour et nuit. "Et cela dure depuis trois ans", ajoute-t-il. À bout de patience, il aurait tout tenté : la gendarmerie, les démarches auprès des chasseurs, mais rien n’y fait. "J’ai contacté cet agriculteur pour lui demander quand tout cela prendrait fin. Mais ça a continué," assure M. Croizet. Il s’est donc tourné vers la mairie pour porter réclamation. "L’utilisation des canons a alors cessé, mais je sais que ce ne sera pas suffisant. Cela reprendra," déplore-t-il. Pour lui, le "cauchemar" se poursuivra l’année prochaine.
Il a donc décidé de saisir le procureur si aucune solution n’est trouvée, regrettant de "devoir devenir délateur".
Des cultures en péril
"Moi, je veux simplement protéger mes cultures", confie l’agriculteur, qui souhaite demeurer anonyme. "Mes canons, je les utilise pour faire fuir les sangliers, qui détruisent mes cultures. Ce sont des animaux nocturnes, donc je suis obligé de les faire fonctionner la nuit".
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Il explique avoir semé une première fois son maïs, sans l’utilisation de canons effaroucheurs, le gibier aurait dégradé une partie de ses cultures dès la nuit suivante. "Les dégâts continuaient, alors j’ai pris mes dispositions et ai mis en place les canons", cède-t-il.
L’agriculteur confirme avoir reçu la visite de M. Croizet, à qui il a assuré que son intention n’était en aucun cas "de l’empêcher de dormir avec ces nuisances sonores". L’utilisation des canons s’est poursuivie quelques jours après la visite de ce voisin, jusqu’à ce que les cultures aient atteint une taille suffisante. "Une fois arrivées à maturité, les sangliers n’y vont plus", explique cet agriculteur de Cravencères.
Quid de la loi ?
À ce jour, aucune réglementation spécifique n’encadre l’utilisation des canons effaroucheurs. Cependant, le nombre de détonations, le temps écoulé entre chacune d’entre elles, la distance entre les canons et les habitations, ou encore la prise en compte des vents dominants peuvent être réglementés par des arrêtés préfectoraux.
Dans le département du Gers, le Préfet a adopté un arrêté préfectoral le 31 décembre 2014. Ainsi, l’emploi des appareils sonores d’effarouchement des animaux ou de dispersion des nuages utilisés pour la protection des cultures "sont autorisés les jours durant lesquels les cultures doivent être sauvegardées et dès l’apparition des feuilles pour les ceps de vignes. Leur implantation ne peut se faire à moins de 250 mètres d’une habitation de tiers ou d’un local régulièrement occupé par un tiers et leur fonctionnement est autorisé 1 heure avant le lever du soleil et 1 heure après le coucher du soleil".
Le maire de Cravencères, M. Jean-Pierre Larrandaburu, assure avoir contacté l’agriculteur concerné, qui a ensuite cessé l’utilisation de ses canons effaroucheurs. "Je suis allé le voir suite aux réclamations de ce citoyen de la ville voisine", déclare-t-il.
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