Bagnères-de-Luchon. Apprivoiser la scène pour communiquer

"Le théâtre réclame de l’attention, de l’écoute, une bonne diction, détaille Eva Cazes, professeure de lettres. Il faut apprendre un texte, s’essayer à communiquer et surtout, travailler tous ensemble, dans un esprit de troupe. Sur scène, chacun dépend de l’autre.". De quoi faire réfléchir les élèves de sixième du collège Jean Monnet qui, jeudi dernier, ont présenté aux écoles l’après-midi et au public le soir, leur spectacle "Passeurs de savoir". Un projet financé par la MSA, le FSE et France Addiction avec le soutien de la mairie de Luchon. Pour mener à bien ce formidable défi, Tristan, comédien et metteur en scène dans la troupe saint-gaudinoise, Rêves de Théâtre, est venu tout au long du trimestre répéter avec les élèves. Un travail intense qui a obligé les comédiens en herbe à sortir de leur bulle. "Ils ont gagné en maturité, constate Tristan. C’est tout un univers qui s’est ouvert à eux. Ils expriment quelque chose à travers des textes de Tardieu, Molière et ils pensent que ce sont eux qui l’expriment. C’est un travail sur l’illusion, la symbolique et le réel sans que cela porte à conséquence. En tout cas, c’est extraordinaire de voir des enfants en retrait en classe, prendre la parole en public sur scène ou au contraire des élèves plus agités, hésiter." Infirmière, Audrey Amiaud a l’habitude de côtoyer ces jeunes élèves individuellement. "Avec ce projet, je peux les voir autrement et faire un parallèle avec les difficultés scolaires que certains peuvent rencontrer, confie-t-elle. Là, on peut établir une relation de confiance parce que l’on est sur du projet. Nous avons également créé du lien entre les CM2 et les sixièmes. Les troisièmes internes ont souhaité nous donner un coup de main en tant que bénévoles tout comme les parents et les collègues. C’est un projet fédérateur, qui valorise les élèves." Avec des enfants plutôt ravis de l’aventure. "J’ai eu très peur avant de monter sur scène, lâche Léna. Mais après c’est génial de sentir la présence du public qui nous porte." Et si Adan a décrété que c’était "chouette d’être tous ensemble, avec un vrai comédien.", Jade avoue qu’il lui a fallu "dépasser son stress, mémoriser le texte" mais qu’après, sur scène, "c’est facile !" Et Audrey Amliaud de conclure : "J’ai ressenti beaucoup de fierté en voyant les enfants apprendre tout en s’amusant, capables de travailler ensemble". Un beau projet et une très belle histoire.