"Adiou !" : après des années de mépris, l’occitan retrouve des couleurs en Ariège
À notre époque, il est peu courant en Ocitanie de rencontrer un voisin qui parle… occitan. Pourtant, ce dialecte subsiste à travers le temps. Aujourd’hui, les nouvelles générations ariégeoises s’intéressent à ses racines.
"Boudu", "macarel" ou encore "mila diou" pourraient vous paraître familiers. Souvent entendues dans la bouche des aînés, ces expressions sont peut-être vouées à disparaître, selon une étude de l’Office public de la langue occitane (Oplo) dévoilée en 2020. Menée sur les régions Occitanie, Nouvelle-Aquitaine et le Val d’Aran, la recherche montre que l’occitan serait en danger. Mais depuis les années Covid, en Ariège, la langue suscite un regain d’intérêt auprès des nouvelles générations.
Créée il y a 30 ans à Pamiers, l’école associative Calandreta del País de Pamias organise tous ses cours en occitan. Présente depuis sa création, l’institutrice Marianne Poujade constate "une hausse des inscrits, qui sont passés de 6 à 70 élèves". Si les chiffres de l’étude montrent seulement une proportion de 11 % à 13 % de locuteurs dans le département, les personnes attirées par l’apprentissage et la pratique de l’occitan se multiplient. "Avant, il y avait une certaine honte à parler occitan, explique l’enseignante. C’était une langue réservée aux paysans pour un usage familier et elle n’était pas officielle. Aujourd’hui, on montre qu’on peut enseigner ce dialecte et conserver notre culture occitane."
Une culture occitane qui rassemble
"J’enseigne car je veux transmettre et enseigner la culture et la langue occitane", clame l’enseignante. Aujourd’hui, la jeune génération veut rétablir l’injustice qui frappe ce dialecte en lui donnant plus de visibilité. Un plus grand nombre de cours dans les écoles ou d’émissions en occitan à la télé et à la radio seraient favorables à une meilleure circulation du dialecte. En Ariège, neuf collèges ont conservé leur option occitane, ainsi que quatre lycées.
"A bisto de nas", le département comme la région s’engagent à donner plus de visibilité et à conserver la culture du dialecte. Au travers d’événement, la région redonne ainsi de la lumière à cette langue dite "morte", comme au festival Total festum de Pailhès. Ce dernier promeut la culture occitane et catalane de juin à juillet sur toute la région. Lui aussi a vu croître le nombre de ses fidèles. "En quatre ans d’existence, on est passé de 900 à 1 200 visiteurs", précise Julien Gomiero, membre du Total festum. Avec son programme d’activités ludiques et de spectacles, l’événement est une occasion de partage de la culture commune "tout en faisant la fête".
L’occitan, langue "virale"
En pleine expansion, l’occitan perdure grâce à sa "viralité". Dans l’étude de l’Oplo, 66 % des personnes interrogées indiquent ainsi lire l’occitan dans la presse locale. Les sites Internet et les réseaux sociaux en langue occitane connaissent également une hausse de fréquentation.
"La musique joue aussi un rôle important, souligne Julien Gomiero. Lors du festival, les musiques sont modernes avec un chant occitan. De quoi rassembler un maximum de personne." Alors les curieux, n’attendez plus, et allez vous renseigner sur votre culture occitane au travers de ces multiples occasions.
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