Sniffy : le gouvernement veut interdire cette poudre blanche vendue dans les tabacs, une "cochonnerie" qui reprend les codes de la cocaĂŻne

Le ministre délégué en charge de la Santé souhaite interdire au plus vite ce nouveau produit vendu dans les bureaux de tabac.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Capture Ă©cran le 25 mai 2024  du produit Sniffy vendu aussi sur le site internet de Sniffy France. (SNIFFYFRANCE)

"C'est rageant de voir ce genre de produit proposé à la jeunesse", réagit samedi 25 mai sur franceinfo Frédéric Valletoux, ministre délégué en charge de la Santé et de la Prévention. Il a découvert "il y a 48 heures" la "dernière invention", une "cochonnerie que certains veulent vendre". Le ministre fait allusion à "Sniffy", une poudre qui reprend les codes de la cocaïne. Elle est blanche, s'absorbe par le nez et ses promoteurs vantent les effets "euphorisants instantanés". En vente libre dans les bureaux de tabac en France, elle coûte entre 15 et 20 euros le gramme.

"Il faut l'interdire dès qu'on peut. Je vais regarder ça avec mes services dès ce week-end", affirme Frédéric Valletoux sur franceinfo. "Je vous promets que je serai intraitable", ajoute le ministre qui ne cache pas une forme de lassitude : "C'est la course en permanence contre les vendeurs de mort, ils m'en voudront peut-être parce que l'expression est un peu radicale." Mais quand "on pousse les jeunes" à consommer ce type de produit, "c'est un peu l'idée", assume Frédéric Valletoux.

En décembre dernier, l'Assemblée nationale a adopté à l'unanimité en première lecture une proposition de loi transpartisane pour interdire les "puffs". Ces cigarettes électroniques à usage unique rencontrent un grand succès chez les jeunes, y compris chez les mineurs. Un premier pas vers une interdiction qui devra encore être confirmée par Bruxelles. "La loi doit toujours courir après ceux qui ont de drôles d'idées pour nos jeunes", souligne le ministre délégué en charge de la Santé et de la Prévention.

Une poudre pas si "inoffensive"

Concernant "Sniffy", les vendeurs assurent que cette substance récréative est inoffensive. "C'est une poudre blanche avec que des acides aminés. Sauf la caféine, parce que c'est un stimulant. Et vous sniffez. L'effet est très léger. C'est de la caféine, c'est rien. C'est comme boire un café ou prendre un Red Bull. Les effets durent environ 40 minutes", argumente un buraliste du 11e arrondissement de Paris, interrogé par franceinfo. Frédéric Valletoux dénonce ces discours "un peu gnangnan". Car selon lui, en expliquant que c'est "inoffensif, qu'on a le droit, que ce n'est pas dangereux, que c'est original", ces vendeurs "essaient d'attirer les jeunes vers le tabac, la consommation de drogue et finalement vers la dépendance".

Capture Ă©cran du produit Sniffy vendu Ă©galement sur internet. (SNIFFYFRANCE)

Des professionnels font part également de leurs inquiétudes. "Sniffy" est certes composé de produits légaux comme de la citrulline, de la créatine, de la taurine, mais sa consommation n'est pas sans danger pour autant. Il y a d'abord un risque pour les personnes cardiaques. Sniffer cette poudre peut aussi amener à banaliser la consommation de drogue et particulièrement de cocaïne, redoute le docteur William Lowenstein, président de SOS Addictions. "La lutte contre les addictions, c'est comment retarder l'âge des premiers usages. Maintenant, à cause de ce genre de marketing cynique, il faudrait rajouter comment retarder l'âge des premières mauvaises imitations. Sniffer, c'est trop assimilé à la cocaïne. Ce n'est pas la peine de faire la promotion de cet usage par voie nasale", insiste-t-il sur franceinfo.

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